Pourquoi ne plus porter de cuir ?
Ceintures, sacs, gants, chaussures ; nous pouvons porter du cuir au quotidien sans même y prêter attention. Il est perçu comme une matière prestigieuse par les consommateurs (qualité, durabilité). Revenons sur l'envers du décor de sa fabrication, où s'entremêlent souffrance et destruction.
Rappelons que le cuir est constitué de peau d'animaux. Ces peaux peuvent être celles des vaches et veaux, mais aussi des chevaux, agneaux, chèvres, cochons, chiens et chats (et oui...). Lorsque vous achetez et portez une pièce en cuir, il est quasiment impossible de savoir à quel animal appartenait la peau que vous avez sur vos épaules ou à vos pieds.
Bien que je sache que cette production est synonyme de grande souffrance et d'atrocités, je n'en ai pas moins la boule au ventre en lisant l'enquête de l'association PETA sur l'industrie du cuir.
Il y a urgence : ouvrir les yeux sur cette barbarie est aujourd'hui primordial. C'est une catastrophe, tant à l'échelle animale qu'à l'échelle écologique et humaine. Voici ce que l'on soutient, sans forcément le savoir, lorsque l'on achète une pièce en cuir.
UNE CRUAUTÉ INSOUTENABLE
Chaque année, plus d'un milliard d'animaux sont abattus pour leur peau. Ils sont mutilés, violentés, terrifiés, puis tués.
L'Asie représente 59% des exportations mondiales de cuir, matière première et produits finis confondus. La règlementation pour la protection animale est loin d'être la même qu'en Europe ; elle est soit inexistante, soit boycottée. En chine, deux millions de chats et chiens sont tués chaque année pour produire du cuir, et ce en plus des vaches, agneaux... Le cuir de chien n'est pas étiqueté en tant que tel, il est passé pour du cuir d'agneau. Seul un test ADN de votre vêtement peut vous faire savoir que vous êtes en train de porter de la peau de chien.
Cela vous choque ? Moi oui, cela me choque. Pourtant, cela ne devrait pas. Pourquoi encenserions-nous le cuir de vachette tout en s'insurgeant du cuir de chien ? Ces deux animaux ressentent la douleur et la peur, l'un comme l'autre. L'intelligence des vaches et leur sensibilité a été prouvée, au même titre que celle des chiens. Plusieurs vidéos montrent leur capacité à soulever des leviers pour avoir de l'eau, user de stratagèmes pour avoir accès à la nourriture ou encore ouvrir un portail. Leurs cris lorsqu'on leur arrache leur veau après leur naissance sont juste insoutenables.
Mais la cruauté n'a pas lieu qu'en Asie, elle est partout, et même chez nous. L’Europe pèse pour un tiers des exportations mondiales de cuir (35%), portée par l'image haut de gamme et de luxe qu'elle véhicule (notamment l'Italie et la France). La France est le 3ème exportateur mondial des cuirs et peaux bruts.
40% du profit d'un animal élevé provient de sa peau. Continuer à acheter du cuir, c'est continuer à fermer les yeux sur la cruauté envers les animaux. Sur leurs conditions de vie inadmissibles et terrifiantes. Acheter du cuir, c'est donc contribuer directement à l'élevage et aux abattoirs industriels, et soutenir le lobby puissant de l'industrie de la viande et du cuir, intimement liés. Les animaux sont considérés comme des "outils", des "matières premières", pour satisfaire notre plaisir, notre confort, nos habitudes. Sans aucune considération pour leur ressenti, leur douleur, leur bien-être, et leur peur.
UNE CATASTROPHE ENVIRONNEMENTALE
Avant même que l'animal ne soit abattu, l'élevage pose un problème considérable d'un point de vue environnemental. La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime que l’agriculture animale est responsable de 14,5% à 18% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il représente également la première cause de déforestation (responsable de 63% de la déforestation en Amazonie).
Une fois arrachée à leur propriétaire et débarrassée des poils et autres résidus, la peau des animaux subit de nombreux traitements avant de finir dans nos armoires, afin de devenir imputrescible et de permettre une conservation longue. Le cuir doit avoir un joli aspect, être résistant et souple. Pour cela, il faut y fixer des agents chimiques. Ces traitements sont extrêmement polluants et nocifs pour l'environnement. Il est notamment nécessaire de travailler la peau avec l’aide de tannins (étape appelée tannage), qui peuvent être des substances minérales ou végétales. Il s'agit principalement de produits chimiques en tout genre (sels minéraux, formaldéhyde, dérivés de goudron, colorants à base de cyanure, chrome et autres substances dangereuses). Ces procédés sont également très consommateurs en eau.
Il existe aussi le tannage végétal, lui réalisé à partir de tannins végétaux (écorces, bois, racines...). Cette méthode, bien que qualitative, est très longue : les peaux passent entre 8 et 15 jours dans plusieurs cuves, toujours plus concentrées en tannins. Le tannage est donc réalisé à 80% du temps à partir de produits chimiques, car effectué en à peine 24H.
Les eaux usées et les déchets solides (peaux, défauts) provenant des tanneries sont souvent relâchés dans les rivières, berges de rivières ou à proximité des champs, polluant les eaux et les sols. Chaque jour depuis des décennies à Dacca au Bangladesh, les tanneries rejetaient des milliers de litres de déchets toxiques dans la rivière Buriganga, qui traverse la ville. Malgré la fermeture des tanneries d’Hazaribagh en 2017 au nom de la protection de l'environnement, le transfert de ces usines dans un parc industriel à l'extérieur de Dacca ne fait que déplacer le problème géographiquement, sans le régler.
UN DÉSASTRE POUR L'HUMAIN
En raison du danger non équivoque que la production de cuir représente, il est bien plus arrangeant de délocaliser cette activité dans les pays en voie de développement où les règlementations sont loin d'être similaires ; tant concernant la condition animale que les conditions de travail et de protection sanitaire.
Au Bangladesh par exemple, les travailleurs sont loin d'être équipés pour effectuer le travail demandé. De nombreuses maladies respiratoires, des cancers, des affections de peaux existent. Ces maladies sont le résultat du contact avec les produits toxiques utilisés, notamment le chrome. 90% des employés de tannerie meurent avant l’âge de 50 ans (oui, vous lisez bien). Les habitants qui vivent à proximité des lieux de production et de traitement des peaux sont bien sûr aussi concernés et intoxiqués par ces substances nocives.
Enfin, acheter du cuir, c'est aussi soutenir le travail des enfants. Dans les tanneries du Bangladesh, certains travailleurs n'ont que 10 ans.
QUID DU SIMILI CUIR ?
Le cuir est pourtant encore vu aujourd'hui comme un produit "noble" et de qualité. Le simili cuir a souvent très mauvaise réputation, étant composé d'agents synthétiques issus du pétrole et donc nocif pour l'environnement. Or, la production du cuir, et notamment le tannage, est extrêmement polluante. Y compris pour le tannage végétal, très gourmand en énergie et en eau.
Durant mes recherches pour rédiger cet article, j'ai appris que :
Pour produire une paire de chaussures en cuir, il faut environ 8 000 L d'eau. À penser très large, on peut considérer qu'une paire de chaussures équivaut à 1,5 kg ; donc ramené à 1 kg de cuir, cela nécessite au minimum 5 333 L d'eau.
Pour produire 1 kg de polyester, il faut seulement 100 L d'eau. Fabriquer 1 kg de cuir émet 5,70 kg CO2 (hors élevage, qui rappelons-le émet 18 % des gaz à effet de serre d’origine humaine) ; contre 3,1 kg CO2 pour fabriquer 1 kg de polyester.
Alors oui, le simili cuir ne remporte pas tous les suffrages. Cela reste du cuir synthétique, donc produit artificiellement, chimiquement. Il n'en est pas moins vrai que le simili cuir ne cause aucune souffrance animale et ne contient aucune peau animale, ce qui est déjà un argument totalement non négligeable. Entre le cuir, qui pour moi ne représente que des inconvénients, et le simili cuir, matière certes imparfaite mais ne causant pas de souffrance animale et ayant une empreinte écologique tout de même inférieure, ma préférence est vite déterminée.
Mon choix est fait, quel est le vôtre ?
Stoppons cette souffrance, choisissons l'amour et la bienveillance...
Chez Utopiane, vous pouvez trouver des sacs et pochettes en simili cuir, fabriqués artisanalement en Alsace par une créatrice passionnée. Retrouvez les coulisses de leur fabrication juste ici !
Restez bien connectées, des petites surprises arrivent bientôt ;)
Aude, fondatrice d'Utopiane
Sources
Conseil National du cuir : Dossier découverte du cuir - Communiqué de presse
Tout en cuir - Association One Voice
Peta France : L'industrie du cuir - Les capacités mentales des bovins
Viande info - E-book sur l'écologie 2016
Quotidien de l'écologie Reporterre
ADEME - E-book sur l'impact environnemental du textile